REPUBLIQUE DU CONGO : QUI EST DENIS SASSOU NGUESSO ? Partie 5

Publié le par AIME OULAYE

Premier mandat
Référendum et élection présidentielle

En 2002, Sassou-Nguesso fait adopter par référendum une nouvelle constitution28. Elle garantit les libertés fondamentales. Un régime de type présidentiel est instauré. La durée du mandat du président de la République est fixée à sept ans et l'élection se déroule au suffrage universel direct. L'âge limite pour la candidature à la magistrature suprême est de 70 ans. Le gouvernement est dirigé par le chef de l'État29.

L'élection présidentielle se tient en mars 2002. Un seul des candidats que Denis Sassou-Nguesso doit affronter, André Milongo, jouit d'une réelle notoriété. À deux jours du scrutin, l'ancien Premier ministre retire sa candidature, arguant que les jeux sont faits d'avance. Sassou-Nguesso est élu très confortablement au premier tour à la suite d'élections très contestées.

Présidence

Son mandat s'ouvre sous le slogan de la « Nouvelle espérance »30. De grands chantiers sont entamés à travers le pays, sous la conduite de la délégation aux grands travaux. Une municipalisation accélérée des principales localités du pays est lancée. Elle est censée moderniser les villes du Congo.

Au cours des années suivantes, deux initiatives gouvernementales provoquent un malaise dans l'opinion. En 2005, c'est la régate dénommée Route de l'Équateur organisée par le Congo entre Marseille et Pointe-Noire alors que les Congolais manquent de tout (médicaments, denrées alimentaires, eau, électricité, etc.). Elle coûte officiellement 4 milliards de FCFA. En 2006, c'est la construction d'un mausolée à la gloire de Savorgnan de Brazza à un coût supérieur à 10 milliards de FCFA.

En 2006, Sassou-Nguesso assure pour un an la présidence de l'Union africaine, à la suite d'un compromis pour éviter que le poste ne soit occupé par Omar el-Béchir, président du Soudan mais poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre.

En 2007, l'âge de la retraite est porté de 55 à 60 ans et le salaire minimum est rehaussé de 35 000 à 40 000 FCFA (environ 7 euros de plus). La portée sociale de ces mesures est cependant limitée. En dépit des slogans, le Congo recule en termes d'indice de développement humain. L'appauvrissement de la population, débutée à la fin des années 1980, continue de s'accentuer. 70 % des Congolais vivent sous le seuil de pauvreté (moins de 1 dollar US par jour). Dans le même temps, une petite catégorie de gens, principalement des membres de l'élite au pouvoir, s'enrichit ostensiblement. La corruption dans la fonction publique s'aggrave, profitant notamment aux agents des douanes et des autres régies financières, ainsi qu'aux agents de la police qui en viennent à arrêter des véhicules sans motifs valables, uniquement pour demander de l'argent.

Sur le plan de la politique intérieure, alors qu'une information judiciaire est ouverte en France pour l'affaire des disparus du Beach, la cour criminelle de Brazzaville ouvre en 2005, le procès de plusieurs officiers de haut rang sur les mêmes chefs d'accusation. Au terme des débats, tous les accusés sont acquittés. Sassou-Nguesso fait amnistier ses adversaires politiques en exil, condamnés quelques années auparavant. Les uns après les autres, ceux-ci regagnent le Congo.

En juillet 2008, lors de l'enterrement de Jean-Pierre Thystère-Tchicaya à Pointe-Noire, des émeutes éclatent et les manifestants s'en prennent ouvertement à Sassou. En juin 2009, lors des élections locales, la participation ne dépasse pas les 5 %. Le RMP (rassemblement pour la majorité présidentielle), nouveau parti destiné à soutenir la candidature de Sassou-Nguesso à l'élection présidentielle de 2009, obtient 364 sièges de conseillers sur 864.

Dépenses publiques et comptes bancaires en France

En 2006, le journal britannique The Times a affirmé, sur la base de copies de la note d'hôtel que, pendant un séjour de cinq nuits à New York dans l'hôtel Waldorf Astoria, la suite occupée par Sassou-Nguesso aurait accumulé des frais de 12 000 £ et un montant total de 73 006 £. Pour assister à l'assemblée générale de l'ONU en septembre 2006, alors qu'il était président en exercice de l'Union africaine, lors d'un autre séjour de cinq nuits, ses collaborateurs et son équipe diplomatique auraient occupé 44 chambres, provoquant une facture de 130 000 £, toujours au compte de l'État congolais et payée en liquide.

Le 18 juin 2007, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire à l'encontre de Denis Sassou-Nguesso, Omar Bongo et leur entourage, accusés par trois associations françaises, dont le FCD qui regroupe des Congolais démocrates, de "recel de détournement de fonds publics". Le chef de l'État congolais et sa famille possèderaient, en effet, en région parisienne, de nombreux biens mal acquis, plus de 18 appartements et hôtels particuliers selon un rapport d’enquête de la police révélé en janvier 2008 par le journal Le Monde.

Denis Sassou-Nguesso déclare ne posséder aucun compte à son nom en France. Selon l'enquête de l'Office central de répression de la grande délinquance financière de 2007, 112 comptes bancaires français sont dénombrés au nom de sa famille.

Le 31 mars 2009, une enquête s’ouvre sur Édith Bongo, fille de Denis Sassou-Nguesso et épouse d'Omar Bongo, décédée le 14 mars 2009, soupçonnée d'avoir servi de prête-nom à Omar Bongo et Denis Sassou-Nguesso auprès de plusieurs établissements bancaires, afin de dissimuler des capitaux provenant de détournements de fonds publics à Monaco. L'enquête fait suite au courrier de l'association Sherpa au prince Albert II et au procureur de Monaco demandant l'ouverture d'une information judiciaire et le gel des avoirs financiers à Monaco d'Édith Bongo. Le 5 mai 2009, une juge du pôle financier de Paris, Françoise Desset, juge recevable la plainte déposée en décembre 2008 pour « recel et détournement de fonds publics » par Transparency International France et l'Association Sherpa visant Denis Sassou-Nguesso et deux autres chefs d'États africains - Omar Bongo (Gabon) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) - soupçonnés de posséder en France des biens mal acquis financés par de l'argent public détourné. Cette décision est prise contre l'avis du parquet qui dispose de cinq jours pour faire appel. Le 8 mai 2009 le parquet a fait appel de cette décision et le 29 octobre 2009, la Cour d'appel de Paris juge irrecevable cette plainte. Le 9 novembre 2010 la Cour de cassation annule la décision de la cour d'appel et rend possibles les poursuites.

Denis Sassou-Nguesso est selon ses partisans, la cible en France d’une tentative de déstabilisation, par le biais d’une guérilla judiciaire.

Deuxième mandat
Élection présidentielle de 2009

En juillet 2009, fort du soutien de Ganao, Kolélas, Yhombi-Opango, etc., il se présente de nouveau à l'élection présidentielle. En dépit des réclamations de l'opposition, ce sont les listes électorales de 2002 qui sont de nouveau utilisées. Des 13 candidats en présence, il est le seul réellement actif durant la campagne. Le scrutin se tient le 12 juillet dans un climat de grande indifférence de la part des citoyens. Il est élu dès le premier tour avec 78 % de voix. Le taux de participation officiel (66 %) laisse sceptiques de nombreux observateurs. Le 15 septembre 2009, il forme un nouveau gouvernement.

Nouvelle constitution en 2015

En 2015, Denis Sassou-Nguesso organise une série de consultations avec des personnalités politiques du pays afin d’examiner une possible modification de la constitution en vigueur dans le pays depuis 2002. La démarche est vivement critiquée par une partie de l'opposition qui y voit une manœuvre afin de pouvoir se présenter une troisième fois à la présidence de la République (la Constitution limitant le nombre de mandats présidentiels à deux et l'âge pour se présenter à la présidence de la République à 70 ans). La majorité assure de son côté souhaiter renforcer les institutions du pays en passant d'un régime présidentiel à un régime semi-parlementaire.

Le 25 octobre 2015, la nouvelle constitution est adoptée par référendum. Elle est entrée en vigueur le 6 novembre 2015, après sa promulgation par Denis Sassou-Nguesso.

Troisième mandat

Le 20 mars 2016, il est réélu dès le premier tour de l'élection présidentielle avec 60,07 % des voix, score validé par la Cour constitutionnelle le 4 avril. Ses adversaires Guy Brice Parfait Kolélas et le général Jean-Marie Mokoko avaient contesté les résultats partiels publiés la veille par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui donnait Nguesso en tête avec 67 % des voix. « Je savais d'avance que les dés étaient pipés, mais nous avions accepté de jouer le jeu », a déclaré le général Mokoko, qui était jusqu'en février conseiller du président Sassou-Nguesso pour les affaires de paix et de sécurité. Kolélas, a quant à lui estimé, par la voix de son porte-parole que la réélection de Denis Sassou Nguesso relevait d'une « fraude massive » et de la « magie ».

Les téléphones ont été coupés pendant quatre jours après la publication des premiers résultats de la CENI.

Distinctions

  BEN National Order of Dahomey - Grand Cross BAR.png BEN National Order of Dahomey - Grand Cross BAR.pngGrand-croix de l'ordre national du Bénin (2011)

  TGO Order of Mono - Grand Cross BAR.png TGO Order of Mono - Grand Cross BAR.pngGrand-croix de l'ordre du Mono (2011)

  Ordre international des Palmes académiques du CAMES.png Ordre international des Palmes académiques du CAMES.pngGrand-croix de l'ordre international des Palmes académiques du CAMES (2013)

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